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Les infiltrés - Martin Scorsese (2006)

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Message par stalker Ven 1 Aoû - 18:39

Les infiltrés - Martin Scorsese (2006) Les_infiltres

La baraque prend l’eau, ça s’infiltre de partout. Le pouvoir, la drogue et le fric sont les enjeux du désastre. L’objectif du film de Scorsese consiste à exploiter le potentiel de l’homme à se corrompre et à démontrer qu’on n’est jamais un seul, mais multiple.
Et précisément humain, donc.

La machine fonctionne. Le scénario est béton. Rien à dire de la distribution des rôles, sinon qu’elle colle parfaitement aux intentions du réalisateur qui nous embarque dans une forteresse complexe où le sang coule, où les têtes tombent et pivotent sans cesse pour nous tromper. Les corps s’emmêlent, aussi, mais Scorsese ne s’attarde pas sur les corps ; ce n’est pas son domaine et il les filme décidément très mal.

L’intérêt du film repose sur son scénario et son rythme, en l’occurrence le montage qui en détermine toute la forme. C’est ultra rapide et ça dure 2 heures 25. Le tempo file et se pique au flash-back, à l’intrusion mentale, à l’adrénaline, à la psychologie à 3 dollars et à la musique omniprésente – envahissante et la plupart du temps inutile, en plus d’être médiocre, voire complètement niaise.
Et c’est trop.
Trop rapide et trop dense. On a saisi qu’il s’agissait d’un joli sac de nœuds, mais tous les éléments constituants du film en rajoutent une couche à leur façon pour, en fin de compte, en envoyer plein la tronche et nous saturer la tête.

On en ressort avec la nostalgie d’un certain Martin Scorsese...

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Message par Varg Sam 2 Aoû - 10:21

stalker a écrit:On en ressort avec la nostalgie d’un certain Martin Scorsese...

La question qui se posait dans la carrière de Marty était de savoir si, après le très chiant Kundun, le pas très utile Gangs of New York et l'affligeant The Aviator, il avait encore quelque chose à montrer.

J'aime assez l'idée que l'époustouflant Casino est la fin d'un monde, de son monde, celui qu'il décrivait depuis Mean streets et dont il pourrait/nous pourrions parler avec nostalgie. The Departed reprend le réel là où Casino l'a laissé, l'absence d'honneur, de règles, et la violence débridée à tous les étages, là où sans doute Scorsese n'était pas encore vraiment allé, selon un rythme qu'il emprunte à son original hongkongais Infernal affairs (2002).

Scorsese abandonne plutôt gaiement tout ce dont il nous a parlé précédemment, honneur, famille, rédemption des personnages... Enfin gaiement, c'est beaucoup dire car le film en devient soudain résolument noir, étouffant dans son jeu de doubles qui se renvoient leurs mensonges, leur absence d'identité formelle (cette identité du moment dont ils ne sont jamais sûrs). Dans cette confusion - qui peut être également celle du spectateur, j'en conviens - le "qui suis-je ?" ne se fait plus que par élimination du trop ressemblant, parce que sans règles de différenciation, la violence est la seule passagère.

J'ai donc plutôt aimé Scorsese filmant le monde sans ses truands christiques et en dehors de son schéma traditionnel (ascension - chute - rédemption) parce que c'est un monde débarrassé des vestiges du sacré (qui correspond bien à notre réalité) mais que cela reste une vision très "chrétienne" : c'en est simplement l'autre versant, la face cachée, abandonnée, soulignée par le dernier plan, symboliquement un peu lourdingue...

C'est plutôt mieux mis en scène que l'original (pas de mal) avec quelques fulgurances rappelant l'œuvre passée. Le mouvement de balancier entre Hollywood et le cinéma asiatique (Scorsese ayant contribué à la figure du truand moderne dont s'est inspiré Hong Kong pour développer sa propre vision du noir, dont s'inspire maintenant Scorsese...) résonne en écho à ce trouble des doubles. Intéressant...
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Message par stalker Dim 3 Aoû - 0:40

A la sortie des Infiltrés, je me suis dit que j'allais voir ou revoir certains films de Scorsese, de différentes époques, de Mean Streets à Gangs of New York, en passant par Taxi Driver et Kundun. Une transition m'échappe et je n'aime pas ne pas apprécier ce que fait ce réalisateur.

Je ne sais pas si je reverrai Kundun, cela dit. Je le connais par coeur. Je comprends qu'on puisse le trouver "très chiant", aussi. Je le trouve très à part dans l'oeuvre de Scorsese. Je pense qu'il s'agit surtout d'un documentaire, au fond, et qu'il était nécessaire. Ce film m'apparaît toujours aujourd'hui comme une parenthèse dans le parcours du réalisateur.

J'attache beaucoup d'importance aux musiques de films. J'aime bien parfois me déconnecter du fil d'une histoire en cours, pour me focaliser sur la musique, ou la bande sonore tout court (pas forcément musicale). C'est une strate du film. Elle contribue à son corps global, qu'on le veuille ou non.
De ce point de vue-là, en ce qui concerne Les infiltrés, c'est un désastre. Pour ne pas dire un massacre. Le problème, c'est que d'autres éléments constituants viennent plomber le film et menacer d'overdose le spectateur avide de cinéma et non d'overdose potentielle - de super-grand-spectacle.

La plan final, que tu soulignes, Varg, est très représentatif. Mais il n'est pas seul. En soi, il vient fermer une boucle et, sur le plan scénaristique, c'est très bien vu. Seulement, ce plan ponctue un enchaînement de mini-chutes potentielles et finales qui se succèdent, s'accumulent depuis deux ou trois minutes et referment une série de boucles initiées au cours du film. Ce que je dis apparaîtra comme du charabia pour qui n'aura pas vu le film, mais je trouve que cette forme de fin confirme l'aspect spectaculaire et démonstratif du film.

En fait, je pense que Scorsese, dans sa réalisation, n'a pas compensé le poids du scénario. Il l'a subi, au contraire. C'est un scénario bien adapté, mais un mauvais film de Scorsese, je trouve.
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Message par Varg Dim 3 Aoû - 13:13

stalker a écrit:A la sortie des Infiltrés, je me suis dit que j'allais voir ou revoir certains films de Scorsese, de différentes époques, de Mean Streets à Gangs of New York, en passant par Taxi Driver et Kundun. Une transition m'échappe et je n'aime pas ne pas apprécier ce que fait ce réalisateur.
Et pourquoi Diable un réalisateur (ou n'importe quel créateur d'ailleurs) devrait-il être en situation permanente de continuité ? Ou bien ne pas décevoir ? Bizarre mon cher cousin...

Le film intermédiaire/transition/achèvement est à mon sens Casino. Scorsese le sait pertinemment, il a bien tenté de faire du même déguisé (Gangs of New York), mais c'était forcément one shot, une impasse et le public attend désormais autre chose. Il a tenté de faire différent avec The Aviator et c'était - à mes yeux - épouvantaaaaaaaaaable. D'où le mouvement de balancier mimétique vers là où semble se faire le cinéma noir moderne qui, lui, semble neuf, n'est pas entravé par ces monolithes mafieux, aux code de conduite ou aux valeurs archaïques, parce qu'il semble les avoir depuis pas mal de temps apparemment réinventés (tous ces semble sont volontaires...)

La question était de savoir alors comment Marty se ré-approprierait ce cinéma, qui est à l'opposé des valeurs qui étaient l'essence même de son cinéma. Beaucoup n'ont vu que l'aspect technique de cette ré-appropriation et ont été ou non rassurés par le savoir-faire du metteur en scène Scorsese.

Je pense toutefois qu'il a apporté autre chose que son savoir-faire à l'original, quelque chose de son ancien monde, qui est du domaine de l'envie, donc du désir d'être l'autre (présent dès Mean streets et tout au long de l'œuvre) et qui se traduit ici par l'oscillation des doubles que sont DiCaprio et Damon, qui n'était pas vraiment présente dans l'original Infernal Affairs. Beaucoup de gens ont trouvé inintéressante la présence d'une femme entre les deux hommes, personnage rajouté par Scorsese, mais qui souligne encore plus la vision "en miroir" qu'il a des deux infiltrés, leur convergence, leur désir de retrouver leur place réelle (donc celle de l'autre) pour mettre fin aux tourments de leurs identités.

La conclusion logique de cette oscillation entre doubles est son accélération, et c'est ce qui se produit à la fin, dès lors que les deux infiltrés entre en contact jusqu'au paroxysme du trouble identitaire qui impose la destruction de l'autre pour être. Deuxième entorse, cette fois de taille, par rapport à l'original : dans ce monde sans valeurs, sans référentiel ni signifiant, tout le monde meurt*... et d'un seul coup, quelque chose de métaphysique s'est glissé dans un remake de film policier...

Je ne crois pas pourtant que The Departed est un grand film. Il est la preuve que Scorsese peut encore - mais attendons la suite - tourner des choses intéressantes.

* Même si le meurtre final reste tout à fait inexplicable...
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Message par stalker Dim 3 Aoû - 13:56

Je crois que Scorsese est assez loin de faire preuve de continuité, dans le sens d'une cohérence. Son parcours est jonché de créations qui étonnent, voire qui détonnent - d'accidents de parcours, pourra-t-on dire, en fonction de ce qu'on apprécie ou pas ; de ce qu'on attend, au fond.
Je crois que Scorsese a cédé à la super-production par moments, et même à la commande. Mais la question n'est pas là. Ce n'est pas à nous, spectateurs, d'exiger d'un réalisateur qu'il comble nos désirs et nos goûts, mais au contraire à lui de les transformer, de les orienter - en étonnant, ou même en détonnant (ce que Scorsese parvient très bien à faire).

Ce n'est pas une déception. Ma critique, je l'ai déjà dit, touche à la pression qu'exerce le scénario sur la réalisation. Il le conditionne ; l'étouffe de façon assez marquée dans la globalité : restreint la marge de manoeuvre du réalisateur.
Et, si ce scénario est effectivement béton et complexe, il n'en demeure pas moins démonstratif dans la forme que lui donne Scorsese en procédant par accumulation des ingrédients, jusqu'à saturation : le film ne respire pas et en devient illisible par moments - trop dense. A vouloir mélanger les couleurs pour s'éclater avec, on obtient toujours un gris vaseux dégueulasse, c'est un peu le cas ici, avec des éléments filmiques excédants.

Quoi qu'il en soit, c'est un film que je vais revoir dans quelques temps pour toutes ces raisons, dont celles que tu donnes, Varg. Pour débrouiller le sac de noeuds.
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