Le pacha - Georges Lautner (1967)
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Le pacha - Georges Lautner (1967)
Lors d'un convoi emportant une collection de bijoux, un truand, Marcel Lurat, dit Quinquin, fait sauter le fourgon blindé au bazooka avant de s'emparer du butin. Il élimine tous ses complices afin de tout garder, y compris un inspecteur de police, Albert Gouvion, qui était chargé de convoyer les bijoux.
Le commissaire Joss prend en main l'enquête et décide de faire le ménage dans le milieu parisien pour venger son ami Albert.
Joss, c’est Jean Gabin. Quinquin, c’est Dany Carrel.
Quelques années auparavant, Lautner a réalisé Les tontons flingueurs et Les barbouzes.
Les dialogues sont signés Audiard et la musique originale Gainsbourg.
Tentons d’être objectif.
Le commissaire divisionnaire Joss, après 40 années de carrière, en a jusqu’ici d’épingler des « peaux-rouges » pour, dans le meilleur des cas, les voir libérés 5 ou 10 ans plus tard ; dans le pire, s’évader des hôpitaux psychiatriques le mois suivant. Le repassage de son vieux pote Albert (Robert Dalban) fait déborder le vase et remonter les souvenirs d’enfance.
L’enquête sur cette attaque de fourgon blindé va révéler des liens et des faces cachées. En l’occurrence, une belle guirlande de truands refroidis, dont une extrémité se surnomme Quinquin, et l’autre Albert. A compter de ce moment, Joss ne perdra pas son temps à trier les méthodes. Une seule lui semblera digne de régler cette sale histoire : monter les truands les uns contre les autres, en employant leurs propres méthodes, avec l’accord de son Directeur (Louis Seigner).
Le complot est pervers et risqué. Il va constituer la seconde partie du film.
Au premier coup d’œil, on aurait mieux vu Delon dans le rôle de Quinquin. Au second, Carrel s’en sort mieux dans le rôle du tueur froid, d’autant qu’il n’aura besoin de séduire personne au cours de sa trajectoire sanglante, mais juste à tuer et à s’emparer – naïvement – du premier appât consistant qu’on lui tendra.
Gabin incarne peut-être ici un de ses meilleurs rôles de flic : la force tranquille en personne, le vocabulaire irrigué par Audiard, cynique et impitoyable.
Quant à Georges Lautner, il est probable qu’il signe ici un de ses derniers grands films, avant de s’enliser dans les affiches people : Mort d’un pourri (1977), Flic ou voyou (1979), Le guignolo (1980), Le professionnel (1981)…
La mise en scène est aux petits oignons, tout comme l’image qui ne révèle aucune faiblesse, même lorsqu’elle passe d’un paysage désertique enneigé à un club où s’agitent d’inquiétantes marionnettes psychédéliques sur les rythmiques déjantées de l’auteur de Requiem pour un con.
Il y aurait comme un arôme Melvillien, je suis tenté de dire. Un an après Le deuxième souffle et juste avant L’armée des ombres et Le cercle rouge. Ce traitement des paysages, en particulier, puis ce rythme marqué, notamment dans la scène du braquage de fourgon. Lautner détiendrait comme une délicatesse lorsqu’il s’agit d’injecter des corps dans les décors, sans accorder de privilège à l’un des deux. Juste une intention de situer ; de ne pas oublier que le truand ou le justicier ne font qu’appartenir à une époque, avec des lieux chargés et des signes qui les caractérisent.
Si je me risque à évoquer le face à face Gabin-Gainsbourg dans un studio d’enregistrement, je cesse définitivement de tenter d’être objectif. Le pacha aurait naturellement pu s’intituler Requiem pour un con.
A voir et à revoir. Pas forcément le dimanche soir.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
parenthèses
Que de DS cassées...
Le pacha
Peur sur la ville
Il me semble que dans Le samouraï, Delon en vole plusieurs, mais n'en abîme aucune...
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stalker- Admin
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Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Le pacha - Georges Lautner (1967)
Vu.
Vraiment bien.
Ce qui est rigolo, je trouve, c'est le côté super moderne de la police telle que filmée par Lautner: écrans, télex, etc. On est loin du commissariat miteux.
Dans le bonus du DVD, Lautner explique bien qu'il ne connaissait rien à la police, et qu'il a voulu faire un film sur l'amitié, en réalité. Il y a aussi des entretiens avec des ex-flics, reconvertis dans le cinéma, dont O. Marshall, avec tout un débat sur la police "à la papa" (ancienne école, donc) et le réalisme au cinéma. Il ressort de tout ça, il me semble, que bon nombre de flics entrent dans la police imbibés et séduits par des films, et qu'ils prolongent ensuite le mythe à leur sortie.
A se demander si la police, telle qu'elle est, dans la réalité, n'est pas nourrie par la fiction; ou si elle n'a rien à voir, qui en parle (hier, et aujourd'hui)?
A noter quand même la censure de l'époque (qui n'a pas trop aimé voir des flics qui tabassent pour faire parler, voire qui tuent avant sommations)
Vraiment bien.
Ce qui est rigolo, je trouve, c'est le côté super moderne de la police telle que filmée par Lautner: écrans, télex, etc. On est loin du commissariat miteux.
Dans le bonus du DVD, Lautner explique bien qu'il ne connaissait rien à la police, et qu'il a voulu faire un film sur l'amitié, en réalité. Il y a aussi des entretiens avec des ex-flics, reconvertis dans le cinéma, dont O. Marshall, avec tout un débat sur la police "à la papa" (ancienne école, donc) et le réalisme au cinéma. Il ressort de tout ça, il me semble, que bon nombre de flics entrent dans la police imbibés et séduits par des films, et qu'ils prolongent ensuite le mythe à leur sortie.
A se demander si la police, telle qu'elle est, dans la réalité, n'est pas nourrie par la fiction; ou si elle n'a rien à voir, qui en parle (hier, et aujourd'hui)?
A noter quand même la censure de l'époque (qui n'a pas trop aimé voir des flics qui tabassent pour faire parler, voire qui tuent avant sommations)
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Le pacha - Georges Lautner (1967)
Enfin des fois, c'est en ne parlant pas de la réalité qu'on la touche le mieux, peut-être (pensée flottante).
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
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